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Des récepteurs à hormones chez les champignons
Les champignons microscopiques possèdent au niveau de leur membrane cellulaire des récepteurs appelés « histidine kinases » qui leur permettraient de percevoir les hormones des différents hôtes qu’ils colonisent. C’est ce qu’ont découvert des chercheurs angevins du GEIHP. Leurs travaux sont à l’origine d’un « Projet de recherche collaborative-Entreprises » (PRCE), financé par l’Agence nationale de la recherche. Une première pour l’UA.
Le GEIHP (Groupe d’étude des interactions hôte-pathogène), l’une des unités de recherche du pôle santé angevin, porte ses efforts depuis de nombreuses années sur l’élucidation des mécanismes moléculaires permettant aux champignons filamenteux de coloniser les voies respiratoires des patients atteints par la mucoviscidose. « Comprendre comment ces microorganismes fongiques perçoivent les signaux chimiques de l’hôte et s’adaptent à l’hôte est au centre de nos préoccupations, explique Nicolas Papon, professeur en parasitologie et mycologie médicale. Cette connaissance des mécanismes cellulaires pourrait permettre à terme de mieux prendre en charge les infections fongiques chez les patients. »
Contrer les infections fongiques
Avant d’être recruté par la Faculté de santé de l’UA en septembre 2015, Nicolas Papon s’était spécialisé sur une famille de récepteurs nommée « histidine kinase ». Ces récepteurs sont présents sur la membrane cellulaire de la plupart des microorganismes et leur permettent de percevoir les signaux environnementaux.
Nicolas Papon et Anaïs Hérivaux« Quelques semaines après mon arrivée au sein du GEIHP, se souvient Nicolas Papon, nous avons eu la chance avec ma doctorante Anaïs Hérivaux de faire une découverte majeure dans le domaine de la mycologie : certains groupes de champignons microscopiques possèdent des récepteurs histidine kinases qui percevraient diverses hormones connues pour être impliquées dans les communications inter-espèces, qu’il s’agisse de symbiose ou de pathogénicité ».
Ce type de récepteurs n’avait jusqu’alors jamais été observé chez les champignons. La découverte angevine a fait l’objet d’une publication majeure en janvier 2017 dans la revue mBio. Elle ouvre des perspectives dans le domaine des biotechnologies (détection et dosage d’hormones) et de l’infectiologie, les récepteurs pouvant faire office de portes d’entrée pour contrer l’effet pathogène des champignons. « Nous pressentons que ces récepteurs vont devenir des cibles thérapeutiques pour développer de nouveaux antimicrobiens et ainsi pouvoir dans l’avenir mieux prendre en charge les infections fongiques ».
Financement de l'ANR
Ces travaux ont également servi de socle au montage d’un projet nommé « Mycormones ». Financé dès cette rentrée et pour 3 ans par l’Agence nationale de la recherche, au titre des « Projets de recherche collaborative-Entreprises », il fédère l’UA, l’Université de Toulouse ainsi qu’une société de biotechnologies de Haute-Garonne.
Les objectifs angevins vont consister à étudier la fonction de ces récepteurs chez les champignons, « ce qu’ils orchestrent », en utilisant diverses approches de génies génétique et microbiologique.
À propos des PRCE
L’instrument de financement « Projets de recherche collaborative – Entreprises » (PRCE) est dédié aux collaborations effectives établies entre au moins un organisme de recherche public ou assimilé français et au moins une société commerciale française conduisant des travaux de recherche et développements en France. Cette collaboration vise à atteindre en commun des résultats de recherche qui seront profitables aux deux parties, en permettant aux organismes de recherche publics d’aborder de nouvelles questions de recherche, ou de les aborder différemment, et en permettant aux sociétés conduisant des travaux de R&D d’accéder à la recherche publique de meilleur niveau afin d’améliorer à différents termes leur capacité d’innovation.